Just one bite [ft. Ambroise]

Je m’ennuyais étalé de tout mon long sur un lit qui n’étais pas le mien, le corps de deux demoiselles jonchant le sol leur souffle et leur palpitation me parvenant faiblement. Ça avait été un sacré moment, autant le dire, jusqu’à ce que l’une m’insupporte et dise ce qu’il ne fallait pas dire, me faisant ainsi perte un petit peu mes moyens et leur faire passer un mauvais moment. Au moins ça m’avait occupé un moment. Mais là j’étais de nouveau sans rien faire, un peu plus calme mais étrangement affamé.

Je tournais la tête vers mes victimes hésitant à les finir mais me ravisa, j’avais la flemme de me débarrasser des corps. Avec lassitude je me relevais donc et leur donnais de mon sang avant de leur faire oublier. Je leur devais bien ça… Puis je récupérais mes fringues et mes affaires avant de partir, les laissant se relever lentement sans comprendre ce qu’il s’était passé, comme si elles se réveillaient d’une dure soirée.

L’air était très frai pour cette saison, mais ce n’était pas ce qui allait m’apaiser, j’étais loin d’être habillé suffisamment chaudement pour le supporter mais qu’est-ce que ça pouvait me faire, le froid, le chaud ce n’est rien pour moi. . Ma soif était toujours là, quand je m’ennuyais elle se faisait d’autant plus sentir. Je réprimais un soupir avant de me dire qu’il ne me restait plus qu’à trouver quelque chose à me mettre sous la dent rapidement. Normalement je choisis avec souci du détail mes proies, mais là vu mon humeur je n’en avais pas la patience. Au moins je n’étais pas d’une humeur trop noire sinon c’est des corps que j’aurais laissé derrière moi.
Bref, j’avançais dans les rues et ruelles de la ville à la recherche d’une gorge dans laquelle je pourrais planter avidement et violemment mes crocs. Le temps passait et je ne croisais personne, c’était mauvais et ça ne m’aidait pas du tout… mais vraiment pas du tout. Alors que je sentais que j’allai vraiment m’énerver et finir par m’inviter chez quelqu’un une douce odeur me parvint. L’odeur du sang coulant dans les veines d’une personne. Ce n’était pas trop tôt.

Je filais à vitesse vampirique, tout droit en direction de cette personne avant d’arriver à quelques mètres derrière sans aucun bruit. Je ne fis pas longtemps attention à qui c’était, à ce que c’était, à comment cette personne était, j’avais trop soif pour m’en préoccuper. Alors je m’élançais, désolé pour elle mais ce n’est jamais prudent de sortir le soir.

Je m’élançais toujours à l’aide de ma vitesse de vampire pour me poster derrière et l’attraper par l’épaule afin de la plaquer contre le mur de la ruelle. Alors je dégageais sa gorge et plantais mes crocs avec soif ne lui laissant même pas le temps de lever le petit doigt.
J’aurais pu boire encore et encore, mais son sang me fit tiquer. Après quelques temps je rouvrais de grands yeux, toujours noircis par la soif. Oui, son sang avait un goût particulier, un que je connaissais grâce à Amelia, ma douce sorcière. Un sang qui avait une petite note différente. Une note similaire à tout sorciers…


Pensais-je en me reculant avec difficulté mais force du sorcier. Une partie de moi mourrais d’envie de continuer de boire son sang mais une autre savait que si j’en faisais ainsi et bien j’allais rapidement avoir le crâne empli d’épine ou un membre à l’envers et autres joyeusetés… On le sait, les sorciers n’aiment pas les vampires, hormis certains, mais alors ce qu’ils aiment encore moins c’est un vampire qui les attaque. Pas ma faute, j’étais assoiffé et de mauvais poil…

a mauvaise humeur additionnée à ma soif ne m’aidait pas à réfléchir, si bien que je me suis jeté sur la première personne que j’avais croisée. Je savourais son sang et me rendis compte, bien trop tard bien sûr, sinon ce n’aurait pas été amusant, qu’il s’agissait en réalité d’un sorcier. La boulette. Je voulus m’en détacher mais la soif d’un vampire, lorsqu’il est de mauvais poil, n’est pas la plus simple à contrôler… Une douleur vint me fusiller le crâne, l’œuvre du sorcier sans aucun doute, et je m’éloignais, le regard toujours assoiffé et mécontent à la fois de mon empressement puéril et de cette douleur que je n’avais jamais apprécié. On aurait pas dit que j’avais neuf siècles sur les épaules…
Sa voix était fluette, on n’aurait presque pas dit un homme, seule sa pomme d’Adam prouvait qu’il s’agissait d’un et non pas d’une sorcière. Et en plus je m’étais attaqué à un homme je n’étais vraiment pas au summum de mon moral… Pathétique. Il me proposa un mouchoir pour essuyer le sang et j’eus un petit sourire :


Je rattrapais le sang qui coulait de mes lèvres d’un vif mouvement du pouce avant de m’en délecter. Il ne semblait nullement décontenancé par le fait d’avoir été attaqué par un vampire, d’avoir été mordu. On aurait presque dit qu’il en était habitué et c’était assez intriguant. J’eus un petit rire lorsqu’il me parla de la réserve médicale pour un repas gratuit et moins conflictuel. Je niais d’un signe de tête, avant de rétorquer :


C’était vrai que beaucoup de vampires jetaient leur dévolu sur ces pochettes de sang, pour moi ce n’était que des mauvais produits, le sang était tellement plus exquis lorsqu’il était directement arraché de la source, l’adrénaline donnant une petite teinte supplémentaire au nectar… Bref, à mes yeux ça n’avait rien à voir, et c’était tellement plus amusant de chasser que de pêcher facilement son repas. Enfin, il était sorcier, je ne m’attendais pas non plus à ce qu’il comprenne.
Je tentais de calmer ma soif et mon humeur, histoire de ne pas plus le provoquer et engendrer un nouveau mal de crâne insupportable. Mes yeux retrouvèrent tant bien que mal leur bleu habituel et ma soif se fit un peu moins intense, du moins j’essayais de ne plus y pense.


Ajoutais-je en me disant que si ça se trouve il ne me laisserait pas m’en tirer aussi facilement…